Dans certaines toiles, l’artiste propulse un figuratif dramatique dans un champ dont la gestuelle implose sur le réel. Il communique ses sentiments dans un amalgame de panique, culpabilité, pitié, sarcasme et désolation, métaphores de sa propre existence engagée dans la recherche de sa propre identité, cette identité qui est pour chacun de nous aussi multiple que la vie elle-même. Interrogation sur la révélation ? Incertitude profonde ? Solitude douloureuse ? Destin tragique de cet homme-animal chassé d’un Eden où il était Ange, où il était Dieu.

Sur le plan strictement pictural, après une longue période où le bouillonnement et le foisonnement du trait primait tout comme s’il voulait tracer le plan d’un nouveau monde, l’artiste renoue avec la violence des couleurs. Ses peintures et ses gravures mettent en scène des personnages étranges, en grande partie reliés par le thème « Les Anges Fous ». Son répertoire est riche, ses éléments constituent un univers fabuleux dont il est l’ »explorateur » inspiré. Préoccupé par ce sujet, l’artiste nous restitue une image sensible filtrée par la connaissance et la méditation. Son art construit sa beauté sur l’hésitation et l’alternance permanente de ses éléments : dessin précis de la forme mais vibration chromatique parfois incertaine, des contrastes faibles mais surprenants, mélange subtile de flou et de précision. Les possibilités d’expression deviennent ainsi inépuisables et prouvent la grande mobilité de Nicolae Groza dans l’utilisation du langage artistique qui ne transgresse avec allégresse les règles rigides de la composition équilibrée, de la perspective classique que pour réintroduire à la limite d’un non-vu et d’un imperceptible qui approfondissent chacune de ses œuvres.